La corruption, ce fléau qui nous empoisonne l'existence
Les actes délictueux lucratifs ne paient pas sans le blanchiment de capitaux. Ce qui fait de ce
dernier la phase la plus importante de la criminalité organisée. Les criminels de toutes sortes
ont donc besoin du blanchiment de capitaux pour pouvoir mettre à leur disposition les fruits
de leurs crimes. Les corrupteurs n’échappent pas à cet état de fait. Les fruits des actes de
corruption ont besoin eux aussi d’intégrer le système financier pour pouvoir être utilisés sans
attirer les attentions.
Lutter contre le blanchiment de capitaux c’est aussi lutter contre la corruption ; puisqu’en fait,
le blanchiment de capitaux constitue une infraction de conséquence par rapport aux
infractions sous-jacentes commises préalablement.
Tout le monde sait que la corruption est néfaste pour la société, mais quels sont ses vrais
coûts?
La corruption s’entend de tout abus ou de toute utilisation faite à son profit ou pour autrui, de
sa fonction ou de son occupation par les personnes visées à l’article 2 de la Loi du 12 mars
2014 de l’ULCC, au détriment de l’État, d’un organisme autonome, d’une institution
indépendante, d’une collectivité territoriale, d’une organisation non gouvernementale ou
d’une fondation bénéficiant d’une subvention publique, d’une entreprise privée avec
participation de l’État.
Elle est partout dans les administrations publiques, dans les ONG, dans les entreprises mixtes
et très difficiles à mesurer. Ce sont seulement ses coûts financiers qui sont très souvent mis en
exergue, mais quels sont ses vrais coûts ?
Le 12 janvier 2010, aux environs de 5h p.m., un terrible tremblement de terre a ravagé Haïti,
faisant plus de deux cent mille morts et d’innombrables blessés.
Au début du mois d’octobre 2016, une tempête dénommée Mathieu a ravagé la presqu’ile du
Sud laissant la population aux désarrois.
Chaque jour, on assiste à des accidents tragiques qui emportent la vie de plusieurs de nos
concitoyens.
Quelle est la relation qui existe entre les catastrophes naturelles dont nous sommes très
souvent victimes et la corruption ?
L’État, pour protéger les citoyens, met en place tout un ensemble de normes dans chaque
domaine. Parallèlement :
- Dans la construction, un permis de construire est exigé pour qu’un citoyen ait
l’autorisation de construire une maison. Ce permis est l’élément qui prend en compte
les normes à respecter et qui permet à l’État d’avoir un certain contrôle afin de pouvoir
protéger ses citoyens. Cependant, afin de s’enrichir illicitement, certaines autorités
violent ce principe et, par la suite, autorisent des constructions sans norme qui
sont incapables de se tenir debout lors du passage des catastrophes. Ainsi, des milliers
de personnes perdent leur vie en raison du non-respect des normes qui est une
conséquence de l’enrichissement illicite. La corruption tue.
- Personne n’ignore que ce fléau prive l’État de ses moyens. De ce fait, l’État se trouve
dans l’incapacité de répondre à ses obligations. Incapable de répondre avant, pendant
et après les catastrophes, incapable d’investir dans des projets porteurs d’espoir, l’État
ne fait que constater la mort, le désarroi et la fuite de ses citoyens. La corruption tue,
décourage et chasse les haïtiens.
- Environ 4,500 à 5,000 morts causés par des accidents sont enregistrés chaque année en
Haïti (http://lenouvelliste.com/article/172078/quelle-norme- de-la- circulation-routiere-
pour-haiti ). Le non-respect des normes est très souvent à l’origine de ces accidents.
On peut citer :
> Détenteur d’un permis de conduire sans avoir effectivement appris à
conduire ;
> Rouler sur un véhicule qui ne remplit pas les conditions requises ;
> Rouler sur les routes sans respecter les limites de vitesse ;
> Utiliser son téléphone portable pendant que l’on conduit ;…
Le phénomène de la corruption se trouve au centre de tout cela. Certains citoyens
paient pour avoir un permis alors qu’ils ne savent pas conduire ; les propriétaires de
véhicules paient pour éviter à leurs véhicules de subir les tests d’inspection ; certains
chauffeurs roulent à grande vitesse, utilisent leurs portables sans aucune crainte. Car
ils ont la manière de corrompre certains agents des forces de l’ordre qui assurent le
contrôle routier, et mettent, ainsi, en danger leurs vies et celles des paisibles citoyens.
La corruption est souvent la cause des dommages collatéraux parfois irréparables. Elle
détruit aussi des rêves et les plus faibles de la société en sont les principales victimes.
Voilà des raisons légitimes qui devraient nécessairement interpeler la conscience de chacun de faire ce qu’on a à faire, mais surtout de s’organiser dans la société civile et d’influencer
positivement les politiques. Les lois sont là, les institutions aussi. D’où la nécessité d’une
cohérence des actions à entreprendre et, du coup, de redorer l’image du pays. Pour cela, les
institutions de l’Etat pourraient agir en amont afin de bloquer ce fléau qu’est la corruption ou
plutôt d’intervenir en aval en empêchant aux corrompus et aux corrupteurs d’utiliser le
produit de leur crime. Lutter contre le blanchiment, c’est lutter contre la corruption, c’est
lutter pour une Haïti stable. Luttons pour une Haïti stable !
Joseph Oldy BELLEGARDE
Directeur Général de l’UCREF
Le 05 mars 2018